Une gare déserte
La gare centrale est connue, et reconnue, par ses usagers comme toujours fréquentée (+/- 75.000 voyageurs/jour). Les images sont prises un jour de grève des cheminots.
Déserte, la nature de la gare s’en trouve modifiée, vidée de son sens, où l’architecture et son usage ne sont plus liés.
L’espace, devenu neutre, est représentation, grandeur réelle, d’un projet d’architecture où l’on peut apprécier de ses qualités spatiales et des effets de ceux-ci (du moins certains, parce que les usages en créent d’autres), mais aussi de ses valeurs signifiantes.
Celle du bâtiment public est définie par des archétypes architecturaux (son vaste hall, son imposant auvent et sa colonnade), par contre, celle de la gare n’est pas identifiable. L’escalier monumental et les escaliers secondaires qui mènent aux quais ne sont pas des signes d’architecture de gare, mais des moyens.
Et si les usagers et leurs us et coutumes (regarder les panneaux des départs, prendre un billet, faire du shopping, prendre un verre, attendre, rencontrer) peuvent confirmer l’organigramme d’une gare, ils ne peuvent définir une valeur signifiante.
Ainsi, la gare déserte dévoile une curieuse faiblesse de conception architecturale, où la contrainte d’espace public a été prise en considération, mais pas celle, pourtant si riche en références, d’une gare.